Lettre datée du 27 mars 2023, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Afrique du Sud auprès de l’Organisation des Nations Unies
Je souhaite vous faire tenir ci-joint une lettre de l’Ambassadeur et Représentant du Front populaire pour la libération de la Saguía el-Hamra et du Río de Oro (Front POLISARIO) à l’Organisation des Nations Unies et Coordonnateur auprès de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), Sidi Omar, adressée au Président du Conseil de sécurité (voir annexe).
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre et de son annexe comme document du Conseil de sécurité.
Le Chargé d’affaires par intérim (Signé) Xolisa Mabhongo
Annexe à la lettre datée du 27 mars 2023 adressée au Président du Conseil de sécurité par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Afrique du Sud auprès de l’Organisation des Nations Unies
Lettre adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant du Front POLISARIO à l’Organisation des Nations Unies et Coordonnateur auprès de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental
New York, le 20 mars 2023
Permettez-moi avant tout de vous féliciter encore d’avoir accédé à la présidence du Conseil de sécurité ce mois-ci et de vous souhaiter plein succès dans votre mission.
Le Conseil de sécurité a reçu récemment une lettre du Représentant permanent du Maroc auprès de l’Organisation des Nations Unies, dans laquelle il propage, comme à son habitude, des affirmations infondées sur la question du Sahara occidental et du Front populaire pour la libération de la Saguía el-Hamra et du Río de Oro (Front POLISARIO).
De manière générale, faute de preuves à l’appui de ses allégations mensongères, le représentant du Maroc, État occupant, a recouru aux mêmes attaques ad hominem, consistant à blâmer les autres, usant d’un langage qui va à l’encontre des règles élémentaires de la diplomatie, de la déontologie et du tact. En effet, on ne saurait dissimuler les habitudes de toute une vie.
Pire encore, le représentant de l’État occupant a osé parler effrontément de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, deux grands pays dont les luttes de libération contre le colonialisme et l’apartheid ainsi que la stature continentale et internationale font paraître dérisoire le régime marocain, qui est connu pour offrir un refuge à des dictateurs déchus et être de connivence avec des régimes autocratiques de même acabit en Afrique et au-delà.
Les affirmations grotesques figurant dans la lettre sont une insulte à l’intelligence des États Membres et du Conseil de sécurité. L’absurdité de ces allégations est tellement évidente qu’elle n’appelle aucun commentaire. Toutefois, dans l’intérêt de la vérité, je me vois dans l’obligation de rappeler quelques faits essentiels pour rétablir la vérité.
La République arabe sahraouie démocratique est un membre fondateur de l’Union africaine et entretient des relations diplomatiques avec de nombreux pays dans le monde. Il s’agit d’une réalité nationale, régionale et internationale irréversible, consolidée par la résistance et les sacrifices du peuple sahraoui depuis des décennies.
En 2017, pour mettre fin à un isolement de plusieurs décennies sur le continent, le Maroc, État occupant, a adhéré à l’Union africaine après en avoir ratifié l’Acte constitutif sans aucune réserve. Le 31 janvier 2017, il a publié dans son Journal officiel (no 6539-bis) le « décret royal » comportant le texte de l’Acte constitutif, dont le Président de la République arabe sahraouie démocratique est l’un des signataires. Par ailleurs, la République arabe sahraouie démocratique et le Royaume du Maroc siègent ensemble aux réunions de l’Union africaine à tous les niveaux ainsi qu’aux réunions tenues avec les partenaires internationaux de l’Union africaine.
Le Front POLISARIO, qui fêtera son cinquantième anniversaire en mai 2023, est un mouvement de libération nationale qui est reconnu par l’ONU et au niveau international comme le seul représentant légitime du peuple du Sahara occidental (résolution 34/37 de l’Assemblée générale et résolutions pertinentes de l’Assemblée).
Il est également reconnu comme l’autre partie, avec le Maroc, État occupant, au conflit du Sahara occidental (résolutions 621 (1988), 658 (1990) et 690 (1991) du Conseil de sécurité, résolutions 34/37, 35/19 et 36/46 de l’Assemblée générale et autres résolutions pertinentes du Conseil et de l’Assemblée).
En niant l’existence indéniable de la République arabe sahraouie démocratique et du Front POLISARIO, le représentant du Maroc, État occupant, semble croire que la politique de l’autruche ferait disparaître ces faits établis. En effet, les faits sont têtus, et la falsification inhérente à la propagande et aux discours mensongers du Maroc, État occupant, et de ses agents ne pourra jamais les altérer.
Le représentant de l’État occupant prétend que le Front POLISARIO a des liens avec des « groupes terroristes », en citant un court article publié par le quotidien Die Welt le 27 janvier 2023, qui se fonde essentiellement sur un seul compte rendu qui n’a pas été confirmé, ce qui démontre en soi l’absurdité d’une telle affirmation.
Chacun, y compris les partenaires de l’État occupant, est conscient des allégations que la machine de propagande marocaine propage depuis le début dans une tentative désespérée de discréditer la lutte de libération nationale légitime menée par le peuple sahraoui sous la direction du Front POLISARIO et de recueillir l’aval de certains milieux.
Il suffit de se référer dans ce contexte à la réponse écrite (E-003923/2022) communiquée récemment le 17 février 2023 par le Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dans laquelle il a déclaré que l’Union européenne ne disposait pas d’informations sur une éventuelle collaboration entre le Front POLISARIO et des groupes terroristes dans la région. Il convient de noter qu’il l’a fait en réponse à une question posée par un bon ami au Parlement européen du Maroc, État occupant.
Il est incontestable que le Maroc, État occupant, est le plus grand producteur et exportateur de cannabis au monde, comme le confirment plusieurs rapports internationaux, dont celui du Département d’État des États-Unis sur la stratégie internationale de contrôle des stupéfiants de 2022 et l’édition 2022 du Rapport mondial sur les drogues de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Le rapport final du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali, dont le mandat a été renouvelé en application de la résolution 2484 (2019) du 13 août 2020 a également confirmé : « le flux de stupéfiants le plus régulier et le plus stable à travers le Mali reste celui de la résine de cannabis, ou haschich, en provenance du Maroc, qui transite par la Mauritanie et le Mali, puis par le Niger jusqu’en Libye » (S/2020/785, par. 72).
La participation de ressortissants marocains à des groupes terroristes est également bien connue. Elle a même été reconnue par les responsables marocains eux-mêmes, notamment le chef de la Direction générale des études et de la documentation du Maroc, qui a déclaré devant le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, le 30 septembre 2014, que « 1 203 combattants marocains » étaient présents en Syrie. Ce nombre est toutefois beaucoup plus élevé selon plusieurs sources, dont l’ONUDC et l’Institut marocain d’analyse des politiques, pour n’en citer que quelques-unes.
Le nombre de Marocains qui ont rejoint les rangs de groupes terroristes basés à l’étranger « témoigne de l’attrait constant de l’idéologie jihadiste parmi la population », selon une étude publiée par l’European Council on Foreign Relations (15 février 2018). En outre, les services de sécurité et les médias européens se sont souvent inquiétés de la façon dont les fanatiques du « foyer de terreur qu’est le Maroc » avaient afflué en Europe pour perpétrer des attentats à Madrid (mars 2004), Paris (novembre 2015), Bruxelles (mars 2016), Londres (juin 2017), Barcelone (août 2017) et Turku (Finlande) (août 2017), entre autres lieux.
Les allégations mensongères ressassées par le représentant du Maroc, État occupant, ne peuvent dissimuler ces faits indéniables qui démontrent l’implication avérée de l’État occupant pour ce qui est d’alimenter le terrorisme et d’appuyer les groupes terroristes transnationaux qui dépendent de la résine de cannabis marocaine (haschisch) et d’autres drogues comme principale source de financement de leurs opérations terroristes dans notre région et au-delà.
Dans l’ensemble, les affirmations infondées véhiculées par le représentant de l’État occupant ne sont qu’une nouvelle tentative flagrante et vaine d’induire en erreur le Conseil de sécurité et d’occulter les actes dangereux et déstabilisateurs du régime marocain. Il n’en demeure pas moins que la poursuite de l’occupation militaire illégale de certaines parties du territoire de la République arabe sahraouie démocratique par le Maroc, État occupant, son expansionnisme constant ainsi que sa tentative « d’étendre » sa base de pouvoir en s’alliant à des parties extérieures constituent la véritable menace contre la sécurité et la stabilité de l’ensemble de la région.
Le représentant de l’État occupant fait référence aux fausses « accusations » à caractère politique portées par des entités parrainées par le Maroc contre le Président de la République arabe sahraouie démocratique et le Secrétaire général du Front POLISARIO. Ce qu’il tente de dissimuler de manière fallacieuse est le fait que ces accusations ont été rejetées par les tribunaux espagnols (décisions du 29 juillet 2021 et du 10 février 2022, respectivement). Les accusations étaient non seulement fausses, mais aussi encouragées par l’État occupant et ses agents en Espagne.
Selon un rapport du Centre national de renseignement espagnol, cité par le quotidien El País (7 juin 2022), les services de renseignement marocains ont lancé une campagne « judiciaire et médiatique » et utilisé de nombreux moyens pour
« réactiver toutes les plaintes » qui avaient été « déposées devant la justice espagnole contre le Front POLISARIO et son chef ». Le rapport révèle que « les services de renseignement marocains continueront de déposer de nouvelles plaintes et de faire appel des décisions de justice pour veiller à ce que les affaires ne soient pas classées ».
Dans sa lettre, le représentant de l’État occupant prétend sans vergogne que « la pleine liberté de circulation et d’expression » et « la démocratie et l’état de droit » règnent au Sahara occidental occupé. De nombreuses organisations internationales confirment que le Maroc, État occupant, est un État voyou qui continue d’occuper illégalement un territoire non autonome inscrit sur la liste de l’ONU et de violer le droit international humanitaire en toute impunité au Sahara occidental occupé, où les militants et défenseurs des droits humains sont continuellement soumis aux formes les plus odieuses de torture psychologique et physique. En tant que puissance colonisatrice, l’État occupant a également participé à des politiques systématiques de colonisation et de peuplement qui visent à supprimer la culture sahraouie et à la supplanter par celle de l’occupant.
Le Maroc, État occupant, est également le moins qualifié au monde pour parler des droits humains en raison de son régime politique fondé sur la tyrannie et le dénigrement de la dignité humaine, qui transforme les Marocains en simples « sujets » contraints d’endurer des pratiques humiliantes rappelant le Moyen-Âge. Les manifestations de masse qui se déroulent actuellement dans de nombreuses régions du royaume témoignent du rejet par les Marocains libres de décennies d’oppression, d’appauvrissement et d’asservissement.
Le représentant de l’État occupant fait référence à la situation humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis, qui, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (2017), « est l’une des situations de réfugiés les plus longues au monde ». Une fois de plus, il tente de dissimuler de manière trompeuse le fait que les Sahraouis sont des réfugiés non pas en raison d’une catastrophe naturelle, mais parce que le Maroc, État occupant, les a évincés de force de leur pays lorsqu’il l’a envahi et occupé militairement en octobre 1975.
Les réfugiés sahraouis dépendent de l’aide humanitaire pour leur subsistance car leurs propres ressources naturelles abondantes sont pillées illégalement par l’État occupant qui est de connivence avec des parties étrangères. Les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (de 2016 à 2021) et de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme (2022), entre autres, ont affirmé l’illicéité des activités économiques et de l’exploitation des ressources naturelles menées par l’État occupant au Sahara occidental occupé.
Le représentant du Maroc, État occupant, peut faire autant de vacarme qu’il le souhaite. Sa tentative futile ne détournera néanmoins pas l’attention des scandales qui sont venus hanter l’État occupant et de son implication avérée dans le recours à la corruption et la participation à une organisation criminelle pour influ encer les membres actuels et anciens du Parlement européen.
Selon Deutsche Welle (7 mars 2023), un des principaux suspects dans le scandale de corruption, l’ancien législateur de l’Union européenne Pier Antonio Panzeri (décoré du Wissam Alaoui de troisième classe pour ses services par le Roi du Maroc en 2014), a admis aux enquêteurs belges qu’il avait reçu des sacs « d’espèces sonnantes et trébuchantes » versées par le Maroc en échange de ses activités visant à créer une impression favorable du pays dans les cercles de décision de l’Union européenne à Bruxelles et, évidemment, pour influencer de manière fallacieuse la politique de l’Union européenne sur le Sahara occidental.
Les enquêtes menées par les autorités belges continuent de révéler de nouveaux détails sur ce qui est devenu le scandale du « MarocGate », de nombreux membres du Parlement ayant demandé que le régime marocain soit puni pour son comportement criminel de type mafieux.
En fait, c’est un secret de polichinelle que la corruption et l’occupation sont précisément les principaux outils sur lesquels la diplomatie du Maroc, État occupant, s’appuie au cours de ses opérations. Ce sont les mêmes outils qui ont été utilisés pour remplir les poches de certains gouvernements corrompus pour ouvrir des « kiosques » (surnommés « consulats » par le représentant de l’État occupant) dans les villes de Laayoune et de Dakhla au Sahara occidental occupé, un acte nul et non avenu et sans effet juridique sur le plan international.
En ouvrant de tels « kiosques », qui ne sont que des « appartements » loués spécialement pour une seule représentation devant les caméras, ces pays dirigés par des gouvernements corrompus ont violé leurs obligations au regard de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union africaine ainsi que leurs obligations erga omnes de s’abstenir de participer à tout acte ou à toute forme d’assistance qui pourrait avoir pour effet de consolider une situation illégale créée par une violation grave des principes fondamentaux du droit international.
Le Président Abraham Lincoln aurait déclaré : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ». Le représentant de le Maroc, État occupant auprès de l’ONU, peut se tromper lui-même et tromper son public dans son pays tout le temps, mais il ne peut pas tromper tout le monde tout le temps.
Je vous serais vivement reconnaissant de bien vouloir porter le texte de la présente lettre à l’attention des membres du Conseil de sécurité.
L’Ambassadeur, Représentant du Front POLISARIO à l’Organisation des Nations Unies Coordonnateur auprès de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental
(Signé) Sidi M. Omar