Conflits territoriaux Israël – Palestine, Maroc – Sahara occidental

Par Suleiman M. Pema – guardian.ng

Les échecs spectaculaires du droit international
L’attention des médias mondiaux s’est nettement détournée du conflit entre l’Ukraine et la Russie, qui préoccupe largement les médias occidentaux depuis quelque temps, pour se porter sur la résurgence du conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies, qui a éclaté pour la énième fois lorsque des militants du Hamas, dans une audacieuse attaque surprise, se sont frayé un chemin en Cisjordanie occupée, tuant, mutilant et enlevant de nombreux Israéliens comme cela n’avait jamais été le cas jusqu’à présent. Depuis, Israël s’est lancé dans des représailles de grande ampleur, détruisant des familles et des zones entières dans la bande de Gaza. Malheureusement, cela fait plus de soixante-dix ans que cette situation perdure sans qu’aucune fin ne soit en vue.

En tant que panafricain qui chérit la liberté pour toute l’humanité, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle entre ce qui se passe en Israël/Palestine et au Maroc/Sahara occidental. Lorsque des personnes sont continuellement poussées à des limites extrêmes et que le droit international leur fait défaut, la question n’est pas de savoir si… mais quand elles réagiront, comme dans le cas de la Palestine.

Les faits sur cette question sont très clairs pour tous les esprits perspicaces – un occupant est un occupant, et aucun effort de désodorisation ne peut changer cela.

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » – Article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme – ONU.

Israël et le Maroc sont deux pays impliqués depuis longtemps dans des conflits territoriaux concernant respectivement la Palestine et le Sahara occidental. Dans les deux cas, il s’agit de l’occupation de terres revendiquées par des peuples indigènes en quête d’autodétermination et d’indépendance. Les deux cas impliquent également la violation du droit international et des droits de l’homme par les puissances occupantes, ainsi que la complicité de certains pays occidentaux (États-Unis, Royaume-Uni, France), en particulier les États-Unis, dans le soutien de leurs revendications.

L’occupation de la Palestine par Israël
L’occupation de la Palestine par Israël remonte à 1948, lorsque l’État juif nouvellement créé a expulsé plus de 700 000 Palestiniens de leurs foyers et a pris le contrôle de 78 % de la Palestine historique. Les 22 % restants, comprenant la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, ont été occupés par la Jordanie et l’Égypte jusqu’en 1967, date à laquelle Israël s’en est emparé lors de la guerre des Six Jours. Depuis lors, Israël maintient une occupation militaire sur ces territoires, où environ cinq millions de Palestiniens vivent dans un système de discrimination, d’oppression et de colonisation. Israël a également construit des centaines de colonies illégales dans les territoires occupés, où plus de 700 000 colons juifs israéliens jouissent de privilèges et de droits refusés aux Palestiniens. Israël a également annexé Jérusalem-Est et le plateau du Golan, en violation des résolutions des Nations unies et du droit international.

L’occupation de la Palestine par Israël a été condamnée par la communauté internationale comme une forme d’apartheid, un crime contre l’humanité qui implique « des actes inhumains […] commis dans le contexte d’un régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématiques d’un groupe racial sur un ou plusieurs autres groupes raciaux et commis dans l’intention de maintenir ce régime ».

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés a déclaré en 2022 qu' »il existe aujourd’hui dans le territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 un double système juridique et politique profondément discriminatoire, qui privilégie les 700 000 colons juifs israéliens vivant dans les 300 colonies israéliennes illégales de Jérusalem-Est et de Cisjordanie ». L’occupation a également entraîné des violations généralisées du droit des Palestiniens à la vie, à la liberté, à la propriété, à la circulation, à l’éducation, à la santé, à l’eau et à l’autodétermination.

Occupation marocaine du Sahara occidental
L’occupation du Sahara occidental par le Maroc remonte à 1975, lorsque l’Espagne s’est retirée de son ancienne colonie et l’a cédée au Maroc et à la Mauritanie, malgré la volonté du peuple sahraoui qui avait formé un mouvement de libération appelé Front Polisario.

Le Maroc a rapidement annexé l’ensemble du territoire et a mené une guerre contre le Polisario, qui a déclaré la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en tant qu’État indépendant en 1976. La Mauritanie s’est retirée du Sahara occidental en 1979 et a reconnu la RASD, mais le Maroc a étendu son contrôle sur la majeure partie du territoire. Un cessez-le-feu a été conclu en 1991 sous les auspices de l’ONU et de l’OUA, qui a promis un référendum sur l’autodétermination des Sahraouis. Cependant, le Maroc a fait obstruction au processus de référendum et a refusé d’accepter toute option autre que son propre plan d’autonomie.

L’occupation du Sahara occidental par le Maroc a été dénoncée par la communauté internationale comme un acte illégal d’agression et d’annexion qui viole le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. L’ONU considère le Sahara occidental comme un territoire non autonome qui reste soumis à la décolonisation. L’Union africaine reconnaît la RASD comme un État membre et appelle à la fin de l’occupation marocaine.

L’occupation a également entraîné de graves violations des droits de l’homme à l’encontre des Sahraouis, qui sont victimes de répression, de torture, d’emprisonnement et de disparition pour avoir résisté au régime marocain. Le Maroc exploite également les ressources naturelles du Sahara occidental, telles que le phosphate, le poisson, sans le consentement ou le bénéfice du peuple sahraoui.

Les panafricains ont largement considéré le Maroc comme un traître à la lutte de libération africaine. Le Maroc, en suivant le modèle d’Israël, a creusé profondément pour enraciner/légitimer son occupation du Sahara Occidental à travers la militarisation, la construction de colonies illégales, l’accueil d’événements dans le territoire occupé, le pillage des ressources naturelles du territoire et l’utilisation de celles-ci comme marchandage pour la reconnaissance, la construction de consulats illégaux sans pertinence et la fermeture de tous les médias du territoire.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le Maroc n’a encore rien dit de concret sur le récent bain de sang entre Israël et la Palestine ?
C’est parce qu’ils ont peur de devoir faire face à leurs populations pro-palestiniennes et qu’ils sont engagés dans la même illégalité depuis la violation des accords de cessez-le-feu en novembre 2020 et qu’Israël a fourni au Maroc des drones pour combattre le Front Polisario.

Similitudes
L’occupation israélienne de la Palestine et l’occupation marocaine du Sahara occidental ont des points communs :
Elles sont toutes deux enracinées dans le colonialisme et le nationalisme, Israël et le Maroc revendiquant des liens historiques et religieux avec les terres qu’ils occupent.

Elles sont toutes deux soutenues par la force militaire et la violence, Israël et le Maroc utilisant leurs armées supérieures pour supprimer toute résistance ou dissidence de la part des populations occupées.

Elles sont toutes deux contestées par des mouvements populaires de libération et d’indépendance, les Palestiniens et les Sahraouis ayant formé des organisations politiques et des groupes armés pour lutter pour leurs droits.

Ils sont tous deux confrontés au droit international et à la légitimité, Israël et le Maroc ayant violé de nombreuses résolutions et traités des Nations unies qui affirment le droit à l’autodétermination des Palestiniens et des Sahraouis.

Ils sont tous deux soutenus par des alliés extérieurs, en particulier les États-Unis, qui leur ont apporté un soutien diplomatique, une aide économique et une assistance militaire.

Conclusion

L’occupation israélienne de la Palestine et l’occupation marocaine du Sahara occidental sont deux exemples de conflits permanents qui ont causé d’immenses souffrances et des injustices pour des millions de personnes. Dans les deux cas, la communauté internationale doit prendre des mesures urgentes et efficaces pour faire respecter l’État de droit et les droits de l’homme, et pour soutenir les aspirations légitimes des Palestiniens et des Sahraouis à la liberté et à la dignité.

Israël et le Maroc ont constamment violé les lois internationales sans craindre de sanctions puisqu’ils bénéficient du soutien des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.

S’il y a un jour une étude pour mettre en évidence l’échec des Nations Unies, ces deux conflits seront en haut de la liste, non grâce à la complicité des membres du Conseil de sécurité de l’ONU.


Pema est membre du Mouvement Nigérian pour la Libération du Sahara Occidental (NMLWS).