
Déclaration de presse d’Oubi Bucharaya, représentant du Front POLISARIO en Suisse, auprès des Nations Unies et des organisations internationales à Genève :
« Le Maroc est une force d’occupation militaire d’un pays africain et le seul pays du continent à ne pas avoir ratifié la Charte africaine des droits de l’homme. Il ne peut donc pas présider le Conseil des droits de l’homme des Nations unies au nom de l’Afrique ».
Les 47 membres du Conseil des droits de l’homme des Nations unies voteront mercredi matin, 10 janvier 2024, pour élire le président du 18e cycle du Conseil des droits de l’homme, qui reviendra au groupe de l’Afrique pour l’année 2024. L’élection se déroulera entre deux candidats : la République d’Afrique du Sud et le Royaume du Maroc.
Dans ce contexte, il convient de souligner quelques points :
1. le Maroc n’aurait pas osé se présenter à un poste de cette importance, tant sur le plan symbolique que procédural, si ce n’était pour son sentiment d’impunité chronique ; malgré son bilan effroyable en matière de droits de l’homme, tant au Maroc qu’au Sahara occidental, territoire qu’il occupe militairement depuis 1975 et où il impose un état de répression absolue, exposant son peuple à toutes les formes de violations systématiques des droits de l’homme.
2. L’insistance du Maroc à ne pas céder à l’opinion majoritaire du Groupe Africain à Genève, suivant la tradition établie de soutenir le candidat au sein du Groupe Africain, afin de ne pas donner l’image de l’incapacité du continent à résoudre ses problèmes démocratiquement, est la plus grande preuve de sa ferme conviction qu’il perdrait tout vote au sein du Groupe Africain. Le Maroc est le seul pays africain qui refuse encore de ratifier la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. C’est aussi le pays africain qui continue à violer systématiquement la charte fondatrice de l’Union africaine, en particulier son article 4 sur l’obligation de respecter les frontières héritées au moment de l’indépendance.
3. Le Maroc est le pays africain le plus fortement condamné et dénoncé par toutes les organisations internationales de défense des droits de l’homme et, en même temps, le moins coopératif avec le Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Entre autres pratiques, il a empêché à plusieurs reprises les missions techniques de l’ONU de se rendre au Sahara occidental depuis 2015. Les crimes les plus odieux sont commis dans le territoire occupé, selon, entre autres, les témoignages du Comité des Nations Unies sur la torture et du Comité sur la discrimination raciale, ainsi que du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire et du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme. À ce jour, le Maroc a refusé d’accepter tout mandat de la MINURSO comprenant une surveillance des droits de l’homme. En outre, il a systématiquement expulsé plus de 400 observateurs internationaux du territoire au cours des dernières années. Il continue également d’empêcher le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de mener à bien sa mission au Sahara Occidental.
Le Maroc commet toutes sortes de violations des droits de l’homme à l’encontre de son propre peuple, en réprimant et en arrêtant tous les manifestants et en emprisonnant de nombreux journalistes. Le Maroc est directement responsable de la répression des immigrés africains, contre lesquels il commet de terribles massacres, le dernier en date étant celui de Melilla en juin 2022.
4. Le Maroc est un pays dont les scandales de corruption sont suivis par de nombreux tribunaux, remplissant les pages des journaux, les émissions de télévision et les rapports d’enquête dans de nombreux pays, notamment en Belgique, dans le cadre de ce qui est connu sous le nom de « MoroccoGate » dans les institutions européennes. Il en va de même pour les allégations d’implication de Rabat dans l’espionnage illégal à travers le monde via l’application « Pegasus ».
5. L’élection du Maroc à la présidence du Conseil des droits de l’homme, si elle se concrétise, sera une preuve supplémentaire du profond dysfonctionnement structurel des institutions internationales et une insulte à l’Afrique. Le Maroc est le pays le moins à même de refléter les valeurs africaines dans le cycle actuel de la présidence du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.
Genève, 08 janvier 2024





