Les prisonniers de Gdeim Izik, la grève de la faim de Mohamed Lamine Haddi et les responsabilités du CICR

Comité Suisse de Soutien aux Sahraouis

Les prisonniers de Gdeim Izik, la grève de la faim de Mohamed Lamine Haddi et les responsabilités du CICR

Comité International de la Croix-Rouge
M. le Président Peter Maurer Avenue de la Paix 19
1202 Genève

Bern, 12 March 2021

Monsieur le Président Mesdames, Messieurs

Depuis novembre 2010, depuis que les forces de l’ordre marocaines ont violemment dispersé un camp sahraoui de protestation pacifique près de Gdeim Izik, un groupe de civils sahraouis est emprisonné au Maroc. Leurs peines de prisons ont été prononcées lors de procès douteux, sans aucune base juridique légale, sans preuves tangibles et sur la seule base d’aveux faits sous la torture, – selon l’évaluation d’observateurs de procès internationalement reconnus et renommés.

Nous sommes certains que ces faits sont aussi connus du CICR.

Aujourd’hui, les prisonniers de Gdeim Izik sont dispersés dans diverses prisons marocaines, loin de leurs familles, alors que, selon les conventions de Genève, des prisonniers doivent être détenus sur leur territoire afin de permettre à leurs proches de pouvoir leur rendre visite. De plus, les prisonniers sahraouis se plaignent d’une nourriture misérable et de situations d’hébergement catastrophiques, d’un manque de soins médicaux et d’hygiène, de harcèlement de toutes sortes, comme l’interdiction de contact avec la famille ou l’accès à la lecture.

Malgré toutes ces allégations, qui ont été maintes fois étayées par des preuves, le CICR n’a pas jugé nécessaire de rendre visite à ces prisonniers.

Depuis le 13 janvier 2021, soit depuis plus de 50 jours, Mohamed Lamine Haddi, un des prisonniers de Gdeim Izik à la prison de Tiflit (Maroc), a entamé une grève de la faim parce qu’il ne peut plus et ne veut plus supporter la peine de prison injuste et les mauvaises conditions de détention. Il est resté sans assistance médicale, mais est harcelé et insulté par les gardes même pendant la grève de la faim. Et sa mère, qui a parcouru 1300 km depuis le Sahara Occidental pour venir rendre visite à son fils, se voit refuser le droit de visite.

Et le comble de cynisme : Le Maroc est loué par des organismes internationaux pour ses « progrès réalisés en matière de respect des droits de l’homme » !

Durant toutes les années où le Polisario a détenu des combattants marocains comme prisonniers, ceux-ci ont eu régulièrement des visités de représentants du CICR.

Pourquoi le CICR ne paye-il la même attention aux prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines qui, eux, vivent dans des conditions terribles ?

En novembre 2020, le CICR a établi un bureau régional au Maroc et, il y a quelques jours, une délégation du CICR a visité le territoire du Sahara Occidental occupé, accompagnée par des représentants du Croissant Rouge marocain, une organisation qui d’ailleurs n’a aucune légitimité à agir sur le Territoire Non Auto- nome du Sahara Occidental.

A l’occasion de cette visite, les délégués du CICR se sont-ils renseignés sur le sort des prisonniers de Gdeim Izik et plus particulièrement sur l’état de santé de Mohamed Lamine Haddi ?

Sur le site officiel du CICR on peut lire de belles phrases (www.icrc.org : extraits de texte) :
« Dans le cadre de sa mission, le CICR s’emploie à faire respecter le droit. Nous appelons les autorités et autres acteurs à respecter les obligations juridiques qui leur incombent en vertu du DIH et du droit international des droits de l’homme. »

« Par les Conventions de Genève, le CICR a reçu le mandat de visiter les prisonniers de guerre et les internés civils en période de conflit. »

« Nous nous attachons à prévenir les actes de torture et autres formes de mauvais traitements ;
prévenir les disparitions et élucider le sort des personnes disparues ; améliorer les conditions de détention (par exemple pour ce qui est de la nourriture, de l’eau et des services de santé) ; rétablir et maintenir les contacts avec la famille ; assurer le respect des garanties judiciaires. »
Mais que fait le CICR pour les prisonniers sahraouis de Gdeim Izik ?

Nous sommes profondément choqués par cette inégalité de traitement des détenus et nous avons honte de cette façon de travailler du CICR, qui a deux mesures pour juger la situation de détenus.
Agissant de cette manière, le CICR ne répond pas au principe de base de sa mission et notamment aux attentes de la population en Suisse et ailleurs en sa qualité d’organisation humanitaire !

Nous demandons au CICR :
• de rendre immédiatement visite à Mohamed Lamine Haddi dans la prison de Tiflit et de lui assurer des soins médicaux,
• d’insister auprès des autorités marocaines d’assurer des conditions de détention correctes pour les prisonniers sahraouis dans les prisons marocaines,
• d’exiger des autorités marocaines que les prisonniers sahraouis soient transférés dans des institutions sur le territoire du Sahara Occidental pour faciliter les visites des familles.

Veuillez croire, M. le Président, Mesdames, Messieurs, à nos sentiments distingués.

Elisabeth Bäschlin, Présidente du SUKS (Comité suisse de soutien aux sahraouis)

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